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Nouvel an chinois

Publié le 30 janvier 2014 par Marika de Vienne
Nouvel an chinois

L’année du cheval est à nos portes! Les célébrations commencent officiellement ce vendredi, le 31 janvier. Pour les Chinois, le Nouvel An est le moment où l’on se réunit en famille, où l’on mange tant qu’on le peut, où l’on offre et reçoit des cadeaux en offrant ses bons voeux de paix, de chance et d’harmonie à tous nos semblables. Étonnant comment tout cela peut rappeler une autre fête plus célèbre chez nous…

Le fait d’avoir vécu en Chine durant six ans m’a donné l’occasion de célébrer le Nouvel An Chinois dans divers contextes et de façons tout aussi variées : dans la campagne du Yunnan, chez une famille d’éleveurs (l’un des plus beaux moments de ma vie!), à Shanghai avec mes collègues enseignants (et 50 boîtes de pétards et feux d’artifices!) ou encore, en quittant le pays au moment où celui-ci devient le plus agité (bonjour la Thaïlande!).

Si je garde précieusement en mémoire toutes ces histoires, c’est tout de même le premier Nouvel An auquel j’ai assisté qui demeure pour moi le plus mémorable. J’avais été invitée par les parents de l’un de mes élèves à participer aux festivités chez eux, dans la ville de Suzhou. Les parents de Harry n’étant pas assez fortunés pour acheter les billets de train qui les transporteraient dans leur Heilongjiang natal, ils étaient contraints de rester à Suzhou pour le plus grand événement de l’année. La mère de Harry semblait toutefois soulagée de ne pas avoir à voyager durant ce qui est considéré comme la plus importante migration humaine sur la planète, et m’a accueilli à bras ouvert dans leur petit appartement, à la veille du premier jour de l’année du rat.

Je suis donc arrivée tôt en après-midi et, sans perdre de temps, nous nous sommes lancés dans la confection de dumplings maison, le but étant d’en faire autant que possible (idéalement une quantité phénoménale). La mère de Harry m’a d’abord montré comment préparer les épais raviolis au porc de sa ville d’origine, débordants d’ail et de ciboulette. D’abord, abaisser la pâte en mince rondelles, à l’aide d’un rouleau à pâte chinois, essentiellement un long bâton plutôt mince. Ajouter la farce et, selon une technique bien précise, sceller les raviolis afin qu’ils ne s’ouvrent pas durant la cuisson. J’en étais à peu près à mon dixième quand, avec un sourire amusé, elle m’a proposé de lui laisser le soin de les préparer elle-même. Sans grande surprise (et avec raison!), mes dumplings boiteux, mal farcis, n’étaient pas à la hauteur de cette fête grandiose.

Chinese Dumplings 1

Harry a profité de l’occasion pour m’emmener jouer avec lui, en me parlant de tout l’argent qu’il espérait recevoir le lendemain matin. Quand je lui ai demandé ce qu’il comptait faire de cette nouvelle fortune, il m’a regardé, l’air sincère, en répondant tout simplement: «Je vais le mettre de côté, quelle question!» J’étais surprise, mais surtout épatée par la modération et le sens des responsabilités de ce petit garçon. Puis il m’a avoué que c’était en fait la décision de sa mère et que s’il n’en tenait qu’à lui, il achèterait un vélo Ultraman (incontournable en 2008 pour tout garçon de six ans). Ça le rendait un peu triste, mais à l’entendre, il faisait confiance au jugement de sa mère et, puisqu’elle lui avait dit d’économiser son argent, il en ferait ainsi.

L’heure du souper arrivée, je suis passée à la cuisine pour y découvrir une table débordant de plats: côtes de porc braisées, légumes sautés à l’ail, poisson entier frit, légumes vapeur et, bien sûr, des dumplings. Je n’en croyais pas mes yeux! Combien de temps avais-je pu discuter avec Harry à propos de ses investissements financiers et de Big Big Wolf, son dessin animé favori? Sa mère, voyant mon expression subjuguée par l’abondance de plats et plus encore par sa rapidité d’exécution, se mit à rire en m’expliquant qu’elle avait préparé une bonne partie du repas avant mon arrivée et que seuls les dumplings devaient à tout prix êtres servis encore fumants. Ne restait plus qu’à célébrer, autrement dit s’asseoir autour d’une table couverte d’une montagne de délices, peu importe qu’on soit trente à table ou seulement quatre, comme c’était  le cas pour nous ce soir-là.

Nous nous sommes régalés, de côtes de porc juteuses et probablement des meilleurs dumplings que j’aie pu goûter, sans oublier quelques rasades de Bai Jiu, un infâme alcool de riz, accompagnement traditionnel, donc incontournable, des festivités du Nouvel An.

Après un certain temps, j’ai remarqué que le petit Harry commençait à être de plus en plus agité. Il avait depuis longtemps terminé son assiette et paraissait pressé que nous en fassions de même. Après le dernier shooter de Bai Jiu (ouf!), il s’est mis à sauter sur place en criant : «Les feux d’artifices, les feux d’artifices, les feux d’artifice!» L’heure des feux d’artifice avait sonné. Nous avons mis nos manteaux pendant que le père de Harry sortait boîte après boîte de ces fameux feux d’artifice. Nous sommes sortis dans la rue pour commencer à les allumer, accompagnés d’une foule qui semblait semblait rassembler les six millions d’habitants de la ville de Suzhou.

Harry les feux d'artifices - Nouvel an chinois

Durant une bonne trentaine de minutes, le ciel s’est rempli de lumière et de fumée, et on pouvait entendre le son des pétards résonner dans les canaux et sur les immenses édifices de la ville. J’étais quelque peu inquiète de voir le père de Harry fumer sa cigarette tout en préparant les feux d’artifice, les cendres encore brûlantes tomber sur les boîtes qu’il transportait, mais personne d’autre ne semblais s’en soucier, je me suis croisé les doigts en profitant du spectacle qu’offrait ces centaines de gens réunis dans un vacarme de fou pour accueillir l’année du rat.

Suzhou Chinese New Year Firewors

Le Nouvel An chinois demeurera sans doute l’une de mes fêtes préférées, avec son lot de bonne bouffe, de Bai Jiu, de réunions familiales, sans oublier les feux d’artifices! Même si je ne suis plus en sol chinois, je compte bien trouver un endroit dans le quartier chinois où célébrer, m’empiffrer de dumplings, entourée de ma famille et mes amis. Je vous souhaite de pouvoir en faire autant.

Xin Nian Kuai Le!!! Bon Nouvel An!!!

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A propos de l'auteur

Marika de Vienne

Marika de Vienne a littéralement grandi dans le service de traiteur opérés par ses parents, où elle a rapidement développé un intérêt pour la cuisine aux épices et le service. Elle s’est plus tard impliquée dans l’ouverture de la boutique familiale du marché Jean-Talon, avant d’aller passer quelques années en Chine pour approfondir ses connaissances sur le thé. C’est elle qui s’occupe aujourd’hui de tout ce qui concerne le thé chez Épices de cru, de la visite des jardins jusqu’à la mise en marché. Marika a un fort penchant pour les thés oolongs, la cardamome verte et les saveurs de la cuisine du sud des États-Unis.