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Les roses rouges d’Eğirdir

Publié le 24 septembre 2013 par Épices de cru

Eğirdir est une île de villégiature minuscule au milieu d’un lac magnifique, dans l’ouest de l’Anatolie, à courte distance en voiture d’Isparta, en Turquie. Se promener autour du petit port est la principale activité des résidents comme des touristes. Nous avons rencontré Ilknour lors de notre première promenade obligatoire. Nos chemins se croisèrent de nouveau quelques jours plus tard au marché local et, comme nous étions maintenant des amis (une simple conversation ou le fait de partager une tasse de thé est, semble-t-il, suffisant pour que les Turcs vous considèrent comme un ami), nous avons planifié une excursion à bord du bateau de son frère.

Jasant de choses et d’autres en attendant d’embarquer, nous avons mentionné à quel point nous désespérions de manger autre chose que des kebabs, ces merveilleux morceaux de viande grillée à point sur brochettes de fer étant en vedette sur les menus de TOUS les restaurants de l’île.

La cuisine maison turque est délicieuse et extrêmement variée. Aussi, les restaurants ont-ils tendance à offrir des plats qu’on prépare rarement dans les maisons privées – d’où l’abondance des kebabs. Nous avons d’abord apprécié avec enthousiasme les kebabs au boeuf, les kebabs à l’agneau, les kebabs au poulet et nombre de plats tout aussi alléchants les uns que les autres auxquels le mot kebab était inévitablement collé. Nous en sommes arrivés à aimer les kebabs, peut-être même autant que les Turcs les aiment. Cependant, nous recherchions d’autres spécialités du pays qui n’avaient rien à voir avec les kebabs. Nous avons demandé à notre nouvel ami où nous pourrions goûter à la vraie cuisine familiale.
Au retour de notre randonnée en bateau, Ilknour nous annonça que sa mère nous mitonnait un repas, au cas où ça nous intéresserait. Bien sûr, nous étions plus qu’intéressés; le peu de fierté qu’il nous restait, après avoir essentiellement quémandé un repas familial, fut vite abandonné alors que nous la suivions à la maison comme deux chatons abandonnés.

Les roses rouges d’Eğirdir

En entrant dans la maison, nous avons enlevé nos souliers selon la coutume, et on nous conduisit dans un petit coin séjour extrêmement bien rangé. Les magnifiques tapis de laine tissés à la main et posés sur le sol étaient une excellente source de chaleur pour les pieds frileux et un véritable plaisir pour les yeux. Les boiseries et les armoires aux motifs fignolés, œuvres du père d’Ilknour, menuisier accompli et également pêcheur, couvraient chaleureusement les murs de la pièce.

La salle, avec son poêle à bois et son atmosphère invitante, était au cœur de la modeste maison. Peu après notre arrivée, les membres de la famille vinrent nous saluer tour à tour. Il y eut par la suite un peu de brouhaha lorsqu’on dressa la petite table. Un vase contenant trois roses rouges artificielles, sur lesquelles reposaient encore quelques gouttes de rosée en plastique, était la touche finale au centre de la table mise pour deux. Et on nous invita à prendre place.

Disposés sur le poêle à côté de nous, des Dolmasi (feuilles de vigne farcies de bulgur ou) nous ont été immédiatement présentés.

On nous servit ensuite une soupe avec du tarhana (yaourt séché), des tomates, du persil et de petits morceaux d’agneau, suivie d’un plat de pommes de terre en cubes dans une sauce à la tomate et aux herbes. Une carpe apprêtée avec beaucoup d’oignons, dans une sauce vinaigrée, assaisonnée d’épices et d’herbes, ultime hommage au pêcheur de la famille, nous fut offerte (voir notre recette). Et comme toujours, du pain plat au sésame pour recueillir, tremper et essuyer ce que les cuillères et les fourchettes avait manqué dans nos assiettes.

Entre-temps, le clan d’Ilknour au grand complet avait pris place sur les divans; chacun, à tour de rôle, nous encourageait à manger davantage et nous interrogeait au sujet du Canada. La belle-sœur de notre amie apporta des pommes fraîchement cueillies et des grappes de raisins translucides de leur jardin, et le festin se poursuivit. De multiples tasses de chai (thé noir turc), des conversations animées et de nombreuses prises de photos s’ensuivirent.

Au terme de cette soirée, il fallut bien partir, le ventre plein, les bras chargés de fruits et, bien entendu, des recettes de tout ce que nous avions dégusté. En approchant de la barrière, nous nous sommes retournés: Ilknour nous suivait de près. « Encore une chose, a-t-elle marmonné, en nous offrant de tout coeur trois roses rouges sur lesquelles reposaient encore quelques gouttes de rosée.

Tiré de La cuisine et le goût des épices

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