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Je ne me souviens pas tellement avoir mangé de l’agneau à Trinidad quand j’étais enfant, et ce n’était certainement pas considéré comme un aliment de base de tous les jours ni de tous les dimanches de Pâques chez nous. Les préférences de la plupart des carnivores trinidadiens étaient — et sont toujours dans une large mesure — le canard, le poulet, le porc et la chèvre, préférences auxquelles s’ajoutent des viandes sauvages locales comme l’agouti, le manicou, l’iguane et le quenk, qui, de nos jours, sont moins populaires qu’ils ne l’étaient autrefois.

À l’époque, ma seule référence à l’agneau était la populaire comptine pour enfants « Mary had a little lamb », et à mon humble avis d’enfant, Mary, la co-vedette humaine de la célèbre ritournelle, était beaucoup plus intéressante que son compagnon laineux dévoué qui la suivait avec enthousiasme jusqu’à l’école chaque jour.

Avance rapide jusqu’à Pâques, au Québec, où j’ai été introduite à la saveur de l’agneau: en particulier celle des côtelettes d’agneau cuites au barbecue. Malgré le fait que j’avais été privée jusque-là de cette délicatesse, j’ai dévoré avec joie les côtelettes aux herbes étouffées savamment préparées par la mère d’origine italienne d’un de mes amis. Mes papilles trinidadiennes m’ont alors amenée à imaginer des côtelettes marinant dans une heureuse combinaison de cumin, de piments, d’oignons, d’ail, de poivre noir, de feuilles de laurier antillais, de thym, de vinaigre et de jus de lime. Comme j’avais adoré le goût fumé que le grill avait imparti à ma nouvelle viande préférée, j’ai envisagé l’ajout de paprika fumé à la marinade afin de remplacer le goût de fumée à l’origine transmis par le fameux barbecue.

Par la suite, des herbes telles que l’origan, l’estragon et la menthe m’ont aussi inspirée, faisant des percées significatives dans mon répertoire de recettes d’agneau toujours croissant. Par le fait même, des recettes du monde entier ont su bonifier toutes mes coupes d’agneau préférées, et elles sont même utilisées lorsque le rôtissage à la broche d’un animal entier — ou méchoui comme on l’appelle au Québec — est au menu. Les influences éthiopiennes, grecques, antillaises et indiennes sont des inspirations constantes et éprouvées qui ne déçoivent jamais.

Cependant, dans certaines parties de l’Afrique, de la Méditerranée, de l’Europe, de l’Asie, de l’Amérique du Nord et du Moyen-Orient, cette période de l’année est reliée au début très attendu de la saison d’agnelage — le grand nombre de naissances auquel contribueront la plupart des brebis en bonne santé.

C’est aussi un moment durant lequel notre désolation est remplacée par l’espoir. Nous comptons sur les bergers depuis au-delà de 10 000 ans afin de répondre aux besoins des amoureux de l’agneau de toutes confessions religieuses de partout dans le monde. Donc, pendant que nous attendons tous avec impatience ce rite de passage annuel, profitons-en pour espérer un renouveau aussi paisible que délicieux.